Christus Vivit, Pape François

Exhortation apostolique sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel


Quelques citations

"Que le plus grand parmi vous se comporte comme le plus jeune, et celui qui gouverne comme celui qui sert" (Luc, 22, 26) : Pour Jésus, l'âge n'établissait pas de privilèges, et le fait que quelqu'un soit moins âgé ne signifiait pas qu'il valait moins ou qu'il avait moins de dignité.

"N'exaspérez pas vos enfants, de peur qu'ils ne se découragent" (Col, 3, 21) : Un jeune ne peut pas se décourager, il doit rêver de grandes choses, chercher de larges horizons, aspirer à plus, vouloir conquérir le monde, être capable d'accepter des propositions provocantes et souhaiter apporter le meilleur de lui-même. 

"Soyez soumis aux anciens" (1P 5, 5): La Bible invite toujours à un profond respect des anciens. 


La jeunesse de Jésus

Il est très important de contempler le Jésus jeune que nous montrent les Evangiles. En lui, on peut reconnaître beaucoup de caractéristiques des cœurs jeunes. 

A l'étape de sa jeunesse, Jésus s'est "formé", il s'est préparé pour réaliser le projet que le Père avait pour lui. Il a orienté son adolescence et sa jeunesse vers cette missions suprême. 

Jésus a eu une confiance inconditionnelle dans le Père, il a pris soin de l'amitié avec ses disciples, et même dans les moments de crise, il y est resté fidèle. Il a manifesté une profonde compassion à l'égard des plus faibles, spécialement des pauvres, des malades, des pêcheurs et des exclus. Il a eu le courage d'affronter les autorités religieuses et politiques de son temps ; il a fait l'expérience d'être incompris et rejeté ; il a éprouvé la peur de la souffrance et connu la fragilité dans la Passion ; il a tourné son regard vers l'avenir, en se remettant entre les mains sûres du Père et en se confiant à la force de l'Esprit. 


La relation des jeunes à l'Eglise

"Si, pour beaucoup de jeunes, Dieu, la religion et l'Eglise semblent des mots vides, ils sont sensibles à la figure de Jésus, lorsqu'elle est présentée de façon attrayante et efficace" : Cela implique que l'Eglise reconnaisse avec humilité que certaines choses concrètes doivent changer, et que pour cela il faut aussi prendre en compte la vision, voire les critiques des jeunes. 


Marie, grand modèle pour une Eglise jeune

Quand Marie était très jeune, elle a reçu l'annonce de l'ange et ne s'est pas privée de poser des questions. Mais elle avait une âme disponible et elle a dit "Je suis la servante du Seigneur" (Luc 1, 38). 

La force du "oui" de Marie, une jeune impressionne toujours. Ce fut le "oui" de celle qui veut s'engager et risquer, de celle qui veut tout parier, sans autre sécurité que la certitude de savoir qu'elle était porteuse d'une promesse. 


De jeunes saints

Le cœur de l'Eglise est riche de jeunes saints qui ont offert leur vie pour le Christ, et pour beaucoup en allant jusqu'au martyre. A travers la sainteté des jeunes, l'Eglise peut relancer son ardeur spirituelle et sa vigueur apostolique. 


S'adapter et prendre en compte les jeunes

Au lieu de nous disposer à écouter les jeunes à fond, la tendance prévaut d'apporter des réponses toutes faites et de proposer des recettes toutes prêtes, sans laisser émerger les questions des jeunes dans leur nouveauté, ni saisir ce qu'elles ont de provocant. 

Quand l'Eglise abandonne les schémas rigides et s'ouvre à l'écoute disponible et attentive des jeunes, cette empathie l'enrichit car elle permet aux jeunes d'apporter quelque chose à la communauté, en l'aidant à percevoir des sensibilités nouvelles et à se poser des questions inédites. 


Des jeunes dans un monde en crise

Beaucoup de jeunes vivent dans un contexte de guerre et subissent la violence sous une innombrable variété de formes. 

De nombreux jeunes sont endoctrinés, instrumentalisés et utilisés comme chair à canon ou comme une force de choc pour détruire, intimider ou ridiculiser les autres. 

Encore plus nombreux dans le monde sont les jeunes qui souffrent de formes de marginalisation et d'exclusion sociale, pour des raisons religieuses, ethniques ou économiques. 

Ne soyons pas une Eglise insensible à ces drames de ses enfants. Ne nous y habituons jamais, car qui ne sait pas pleurer n'est pas mère. J'invite chacun de vous à se demander : ai-je appris à pleurer ? Ai-je appris à pleurer quand je vois un enfant qui a faim, un enfant drogué dans la rue, un enfant abusé, un enfant utilisé comme esclave par la société ? Essaie d'apprendre à pleurer pour les jeunes qui se trouvent dans une situation pire que la tienne. Si tu n'y parviens pas, prie le Seigneur pour qu'il t'accorde de verser des larmes pour la souffrance des autres. Quand tu sauras pleurer, alors tu seras capable de réaliser quelque chose du fond du cœur pour les autres. 

Seuls ces jeunes peuvent dire à Dieu qu'ils souffrent beaucoup, qu'il leur coûte trop d'aller de l'avant, qu'ils ne croient plus en personne. Mais dans cette plainte déchirante se font présentes les paroles de Jésus : "Heureux les affligés, car ils seront consolés" (Mt 5,4). 


Désirs, blessures et recherches

Les jeunes reconnaissent que le corps et la sexualité ont une importance essentielle dans leur vie et pour le chemin de croissance de leur identité. Cependant, dans un monde qui souligne à l'excès la sexualité, il est difficile de garder une bonne relation avec son corps et de vivre sereinement les relations affectives. 

Certains milieux de jeunes sont de plus en plus fascinés par des comportements à risques comme moyens de s'explorer soi-même, de rechercher des émotions fortes et d'être reconnus. 

Chez les jeunes, il y a aussi les chocs, les échecs et les souvenirs tristes gravés dans l'âme. Bien souvent, "ce sont les blessures des défaites de leur propre histoire, des désirs frustrés, des discriminations et des injustices subies, u encore du fait de ne pas se sentir aimés ou reconnus". En plus, "il y a aussi les blessures morales, le poids des erreurs commises, de la culpabilité après s'être trompé". 

Nous reconnaissons selon les jeunes :

- un désir de Dieu

- un rêve de fraternité

- un désir de développer les capacités qui se trouvent en eux pour apporter quelque chose au monde

- une sensibilité artistique spéciale

- une recherche d'harmonie avec la nature

- un grand besoin de communication

- un désir d'une vie différente. 

Il s'ait de vrais points de départ, d'énergie intérieures en attente et ouvertes à une parole de stimulation, de lumière et d'encouragement. 


Le monde numérique

"Les relations online peuvent devenir inhumaines. Les espaces numériques nous rendent aveugles à la vulnérabilité des autres et empêchent la réflexion personnelle. Des problèmes comme la pornographie déforment la conception que le jeune a de la sexualité humaine". 


Mettre fin à tout genre d'abus

Le synode a réaffirmé le ferme engagement en faveur de l'adoption de meures rigoureuses de prévention pour empêcher que cela ne se reproduise à partir de la sélection et de la formation de ceux auxquels seront confiés des tâches de responsabilité et d'éducation. 

Il existe différents types d'abus : abus de pouvoir, abus économiques, abus de conscience, abus sexuels. 


La jeunesse, un temps de rêves et de choix

"La jeunesse, phase du développement de la personnalité, est marquée par des rêves qui, peu à peu, prennent corps, par des relations qui acquièrent toujours plus de consistance et d'équilibre, par des tentatives et des expériences, par des choix qui construisent progressivement un projet de vie. A cette période de vie, les jeunes sont appelés à se projeter en avant, sans couper leurs racines, à construire leur autonomie, mais pas dans la solitude". 

La parole de Dieu n'invite pas seulement à préparer demain mais à vivre le présent : "Ne vous inquiétez donc pas du lendemain : demain s'inquiétera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine" (Mt 6, 34). 

Pendant que tu te bats pour donner forme à tes rêves, vis pleinement l'aujourd'hui, remplis d'amour chaque moment et donne le entièrement. Car il est vrai que cette journée de ta jeunesse peut être la dernière, et cela vaut donc la peine de la vivre avec toute l'envie et toute la profondeur possible. 


La prière, lieu de rencontre

Nous parlons avec l'ami, nous partageons les choses les plus secrètes. Avec Jésus aussi, nous parlons. La prière est un défi et une aventure. Et quelle aventure ! Elle permet que nous le connaissions mieux chaque jour, que nous entrions dans sa profondeur et que nous grandissions dans une union plus forte. La prière nous permet de lui dire tout ce que nous arrive et de rester confiants dans ses bras, et en même temps elle nous offre des instants de précieuse intimité et d'affection, où Jésus répand en nous sa propre vie. 


La sainteté

Tu ne seras pas saint ni accompli, en copiant les autres. Tu dois découvrir qui tu es et développer ta manière propre d'être saint, au-delà de ce que disent et pensent les autres. Ta vie doit être un aiguillon prophétique qui stimule les autres, qui laisse une marque dans ce monde, cette marque unique que toi seul pourras laisser.


L'amitié sociale et le bien commun

Je propose aux jeunes d'aller au-delà des groupes d'amis et de construire l'amitié sociale, chercher le bien commun. L'inimité sociale détruit. Et l'inimité détruit une famille. L'inimité détruit un pays. L'inimité détruit le monde. Et l'inimité la plus grande, c'est la guerre. Et aujourd'hui, nous voyons que le monde est en train d'être détruit par la guerre, parce qu'ils sont incapables de s'asseoir et de parler". 


Où nous envoie Jésus

Il n'y a pas de frontières, il n'y a pas de limites : il nous envoie à tous. L'Evangile est pour tous et non pour quelques-uns. Il n'est pas pour ceux qui semblent plus proches, plus réceptifs, plus accueillants. Il est pour tous. N'ayez pas peur d'aller, et de porter le Christ en tout milieu, jusqu'aux périphéries existentielles, également à celui qui semble plus loin, plus indifférent. 


Vénération de la jeunesse

Avec les stratégies du faux culte de la jeunesse et de l'apparence, on promeut aujourd'hui une spiritualité sans Dieu, une affectivité sans communauté et sans engagement envers ceux qui souffrent, une crainte des pauvres vus comme des personnes dangereuses, et une série d'offres qui prétendent vous créer un avenir paradisiaque qui sera sans cesse reporté. 


Relation avec les personnes âgées

La parole de Dieu recommande de ne pas perdre le contact avec les personnes âgées afin de pouvoir recourir à leur expérience :"Tiens toi dans l'assemblée des vieillards et si tu vois un sage, attache toi à lui" (Si 6, 34).

"Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait, il n'y aurait rien qui ne puisse se faire". 

  

La pastorale des jeunes

Bien qu'il ne soit pas toujours facile de s'adresser aux jeunes, il y a deux aspects à développer : la conscience que c'est toute la communauté qui les évangélise et l'urgence qu'ils aient une place plus importante dans les propositions pastorales. 

La pastorale des jeunes doit acquérir une autre flexibilité, et réunir des jeunes pour des évènements, des manifestations qui leur offrent chaque fois un lieu où ils reçoivent non seulement une formation, mais qui leur permettent aussi de partager leur vie, de célébrer, de chanter, d'écouter de vrais témoignages et de faire l'expérience de la rencontre communautaire avec le Dieu vivant. 

Il y a beaucoup de propositions concrètes dans le synode visant à renouveler la pastorale des jeunes et à la libérer des programmes qui ne sont plus efficaces parce qu'ils n'entrent pas en dialogue avec la culture actuelle des jeunes. 

Dans certains endroits, il arrive que, après avoir suscité chez les jeunes une expérience intense de Dieu, on leur offre ensuite seulement des réunions de "formation" où sont uniquement abordées des questions doctrinales et morales... Calmons l'obsession de transmettre une accumulation de contenus doctrinaux, et avant tout essayons de susciter et d'enraciner les grandes expériences qui soutiennent la vie chrétienne."


La vocation

La vocation nous permet de comprendre que rien n'est le fruit d'un chaos privé de sens, mais que tout peut être intégré sur un chemin de réponse au Seigneur qui a un plan magnifique pour nous. 


L'amitié avec Jésus

"Tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur condition et leur état de vie, sont appelés par Dieu, chacun dans sa route, à une sainteté dont la perfection est celle même du Père" (Vatican II).

La vie que Jésus nous offre est une histoire d'amour, une histoire de vie qui veut se mêler à la nôtre et plonger ses racines sans la terre de chacun. Le salut que Dieu nous offre est une invitation à faire partie d'une histoire d'amour qui se tisse avec nos histoires ; qui vit et veut naître parmi nous pour que nous puissions donner du fruit là où nous sommes, comme nous sommes et avec qui nous sommes. C'est là que le Seigneur vient planter et se planter. 

Etre pour les autres

Notre vie atteint sa plénitude quand elle se transforme en une offrande. 


Pour accomplir sa propre vocation, il est nécessaire de se découvrir soi-même à la lumière de Dieu et de faire fleurir son propre être. "Dans le dessein de Dieu, chaque homme est appelé à se développer car toute vie est vocation". Le sujet est de faire les choses avec un sens, une orientation. Quel est ton cap ? 


L'amour et la famille

Les jeunes ressentent avec force l'appel à l'amour. J'aime à penser que "deux chrétiens qui se marient ont reconnu dans leur histoire d'amour l'appel du Seigneur, la vocation à faire de deux personnes, un homme et une femme, une seule chair, une seule vie. Dans la vocation au mariage, il faut reconnaître et remercier que "la sexualité, le sexe sont un don de Dieu. Rien de tabou. Il sont un don de Dieu, un don que le Seigneur nous fait. Ils ont deux buts : s'aimer et engendrer la vie". L'amour entre un homme et une femme, quand il est passionné, te porte à donner ta vie pour toujours. Toujours. Et à la donner avec ton corps et ton âme. 


Célibataire

Pour ceux qui ne sont pas appelés au mariage ou à la vie consacrée, il faut toujours se rappeler que la première vocation, et la plus importante, est la vocation baptismale. Les célibataires, même si ce n'est pas pour ex un choix intentionnel, peuvent devenir un témoignage particulier d'une telle vocation sur leur propre chemin de croissance spirituelle. 


Le travail 

Le travail est une nécessité, il fait partie du sens de la vie sur cette terre, chemin de maturation, de développement humain et de réalisation personnelle. Dans ce sens, aider les pauvres avec de l'argent doit toujours être une solution provisoire pour affronter des urgences. 

Il est vrai que tu ne peux pas vivre sans travailler et que parfois tu dois accepter ce que tu trouves, mais ne renonce jamais à tes rêves, n'enterre jamais définitivement une vocation, ne te donne jamais pour vaincu. 


Vie consacrée

Dans le discernement d'une vocation, il ne faut pas exclure la possibilité de se consacrer à Dieu dans le sacerdoce, la vie religieuse ou dans d'autres formes de consécration. 

Aujourd'hui, l'anxiété et la rapidité de nombreuses stimulations qui nous bombardent, font qu'il ne reste pus de place pour ce silence intérieur où l'on perçoit le regard de Jésus et où l'on écoute son appel. Avec Jésus, tu pourras reconnaître quelle est ta vocation sur terre. 


Le discernement

Même si le Seigneur nous parle de manières variées, dans notre travail, à travers les autres et à tout moment, il n'est pas possible de se passer du silence de la prière attentive pour mieux percevoir ce langage, pour interpréter la signification réelle des inspirations que nous croyons recevoir, pour apaiser les angoisses et recomposer l'ensemble de l'existence personnelle à la lumière de Dieu. 

Seul celui qui est disposé à écouter possède la liberté pour renoncer à son propre point de vue partiel ou insuffisant. De la sorte, il est vraiment disponible pour accueillir un appel qui brise ses sécurités mais qui le conduit à une vie meilleure, car il ne suffit pas que tout aille bien, que tout soit tranquille. Dieu pourrait être en train de nous offrir quelque chose de plus, et à cause de notre distraction dans la commodité, nous ne nous en rendond pas compte.

Quand il s'agit de discerner sa propre vocation, il faut se demander :
- Est-ce que je me connais moi-même, au-delà des apparences et de mes sensations ?
- Est-ce que je sais ce qui rend mon coeur heureux ou triste ?
- Quelles sont mes forces et mes faiblesses ?
- Comment puis-je servir au mieux et être utile au monde et à l'Eglise ?
- Quelle est ma place sur cette terre ?
- Qu'est-ce que je pourrais offrir à la société ?

- Est-ce que j'ai les capacités nécessaires pour assurer ce service ? Ou est-ce que je pourrai développer les capacités nécessaires ?


Lorsque le Seigneur pense à chacun, dans ce qu'il souhaiterait lui offrir, il pense à lui comme à son ami personnel. Et s'il a prévu de t'offrir une grâce, un charisme qui te fera vivre ta vie à plein et te transformera en une personne utile pour les autres, en quelqu'un qui laissera une trace dans l'histoire, ce sera sûrement quelque chose qui te réjouira au plus profond de toi et qui t'enthousiasmera plus que toute chose au monde.

 
Le don de la vocation sera sans aucun doute un don exigeant. Les dons de Dieu sont interactifs et pour en profiter tu dois mettre beaucoup en jeu, tu dois risquer. Quand le Seigneur suscite une vocation, il ne pense pas seulement à ce que tu es, mais à tout ce que tu pourras parvenir à être avec lui et avec les autres.

 
Avant toute loi et tout devoir, ce que Jésus nous propose pour choisir est le fait de suivre, comme le font des amis qui se suivent et se cherchent et se trouvent par pure amitié.