Histoire d'une âme, Sainte Thérèse de Lisieux

Quelques extraits

Page 7 - "Rien n'est mystérieux comme ces sourdes préparations qui attendent l'homme au seuil de toute vie". Un destin s'enracine dans un sol, une époque, une famille...

Page 19 - "Jésus étant monté sur une montagne, il appela à Lui ceux qu'il lui plut ; et ils vinrent à lui" (St Marc). Il n'appelle pas ceux qui en sont dignes. C'est l'ouvrage de Dieu qui fait miséricorde. S'il plaît à Dieu, je le servirai tous les jours de ma vie. Je sais que je n'en suis pas digne et je le remercie pour sa miséricorde.

Page 20 - pourquoi certains meurent avant d'avoir connu le nom de Dieu ?

La perfection consiste à faire sa volonté.

Page 21 - paroles du psaume XXII
Oui je rends grâce au Seigneur de n'avoir manqué de rien jusqu'à ce jour.

Page 33 - J'ai compris que pour devenir une sainte il fallait beaucoup souffir, rechercher toujours le plus parfait et s'oublier soi-même...je ne crains qu'une chose c'est de garder ma volonté...Je choisis tout ce que vous voulez.

Page 36 - Je devais passer par le creuset de l'épreuve et souffrir dès mon enfance afin d'être plus tôt offerte à Dieu.
 
Page 41 - J'étais bien loin de me douter que 9 ans plus tard je serai parmi elles !

Page 42 - ah comment pourrai-je redire toutes les tendresses que Papa prodiguait.
Au ciel seulement la joie serait sans nuages.

Page 46 - Les larmes du petit Jésus allait purifier mon âme

Page 49 - Je me demande parfois comment vous avez pu m'élever avec tant d'amour et de délicatesse sans me gâter

Page 57 - Ne me plaignant pas même à vous de ce que je souffrais

Page 61 -Ah c'est qu'à cet âge nous n'étions pas blasées, notre âme dans toute sa fraicheur s'épanouissait comme une fleur heureuse de recevoir la rosée du matin.

Page 62 -Jamais je n'avais autant senti que je l'aimais comme je le fis pendant sa retraite de 3 jours

C'est pendant l'absence de l'autre que l'on se rencontre le plus qu'on l'aime et qu'il nous manque.Je vis qu'elle n'était qu'une souffrance et qu'une séparation continuelle....car je ne comprenais pas encore la joie du sacrifice.

Page 63 - Je voulais aller au Carmel non pour Pauline mais pour Jesus seul.

Page 64 - Je vois encore la place où je reçus le dernier baiser de Pauline.

Page 65 - La maladie dont je fus atteinte venait certainement du démon.

Page 68 - Ne sachant pas montrer ma reconnaissance, je n'ai qu'un seul moyen pour soulager mon coeur : prier pour les parents que j'aime.

Page 70 -  Ah pensai-je, la Ste Vierge m'a souri, que je suis heureuse... oui mais jamais je ne le dirai à personne, car alors mon bonheur disparaitrait.

Page 75 - La vraie gloire est celle qui durera éternellement et pour y parvenir il n'est pas nécessaire de faire des oeuvres éclatantes mais de se cacher et de pratiquer la vertu en sorte que la main gauche ignore ce que fait la droite.
Ma gloire à moi ne paraitrait pas aux yeux des mortels. 

Je sens toujours la même confiance audacieuse de devenir une grande sainte car je ne compte pas sur mes mérites en ayant aucun mais j'espère en celui qui est la Vertu, c'est Lui seul qui se contentant de mes faibles efforts m'élèvera jusqu'à lui.

Page 76 - Le bon Dieu m'a fait la grâce de ne connaître le monde que juste assez pour le mépriser et m'en éloigner....Ils ne pensaient pas assez à la mort...J'aime à retourner par la pensée aux lieux enchanteurs où elles ont vécu...et des parcs où je les ai vues jouir des commodités de la vie ? Et je vois que tout est vanité et affliction d'esprit sous le Soleil... Que l'unique bien, c'est d'aimer Dieu de tout son coeur. 

Page 83 - Depuis cette communion, mon désir de recevoir le Bon Dieu devint de plus en plus grand.Je sentis naître en mon coeur un grand désir de la souffrance et en même temps l'intime assurance que Jésus me réservait un grand nombre de croix.

Page 84 - Ma vie rentra dans l'ordinaire, c'est à dire que je dus reprendre la vie de pensionnaire qui m'était si pénible.

Page 86 - Le Bon Dieu m'a donné un coeur si fidèle que lorsqu'il a aimé purement il aime toujours.

Page 87 - Je remercie Jésus de ne m'avoir fait trouver qu'amertume dans les amitiés de la terre.

Page 88 - J'ai souffert pendant un an et demi... Toutes mes pensées et mes actions les plus simples devenaient pour moi un sujet de trouble.

Page 90 - Ces paroles d'autant plus flatteuses qu'elles n'étaient pas dites devant moi, laissaient dans mon âme une impression de plaisir qui me montrait clairement combien j'étais remplie d'amour propre.

Page 91 - Parfois je me sentais seule, bien seule, comme aux jours de ma vie de pensionnaire alors que je me promenais triste et malade dans la grande cour, je répétais ces paroles qui toujours faisaient renaitre la paix et la force en mon coeur : la vie est ton navire et non pas ta demeure.

Page 95 - Je me faisais vraiment des peines de tout, c'était le contraire de maintenant, car le Bon Dieu me fait la grâce de n'être abattue par aucune chose passagère.

Page 99 - C'était pour le Bon Dieu tout seul que je faisais ces choses, ainsi je n'aurai pas dû attendre le merci des créatures. Hélas ! Il en était tout autrement...

Page 101 - Il fit de moi un pêcheur d'âmes, je sentis un grand désir de travailler à la conversion des pêcheurs.

Page 102 - Conversion d'un prisonnier : Puis son âme alla recevoir la sentence miséricordieuse de Celui qui déclare qu'au Ciel il y aura plus de joie pour un seul pécheur qui fait pénitence que pour 99 justes qui n'ont pas besoin de pénitence.

Page 105 - Voyant que les récompenses éternelles n'avaient nulle proportion avec les légers sacrifices de la vie, je voulais aimer, aimer Jésus avec passion.

Page 106 - Le regard plongé dans le lointain, nous considérions la blanche lune s'élevant doucement derrière les grands arbres...les brillantes étoiles scintillant dans l'azur profond... tout élevait nos âmes vers le Ciel.

Page 107 - Je suis bien sûre qu'une âme doit dire à son confesseur l'attrait qu'elle sent à recevoir son Dieu, ce n'est pas pour rester dans le ciboire d'or qu'il descend chaque jour du Ciel, c'est afin de trouver un autre Ciel, le Ciel de notre âme, faite à son image, le temple vivant de l'adorable trinité.

Page 115 - En voyant de près ces âmes innocentes, j'ai compris quel malheur c'était de ne pas bien les former dès leur éveil, alors qu'elles ressemblent à une cire molle sur laquelle on peut déposer l'empreinte des vertus mais aussi celle du mal... j'ai compris ce qu'à dit Jésus en l'Evangile : qu'il vaudrait mieux être jeté à la mer que de scandaliser un seul de ces petits enfants. Ah que d'âmes arriveraient à la sainteté si elles étaient bien dirigées.

Page 117 - Il a fallu que le Bon Dieu m'accorde une grâce toute spéciale pour que j'aie pu surmonter ma grande timidité... Il est aussi bien vrai que "Jamais l'Amour ne trouve d'impossibilités parce qu'il se croit tout possible et tout permis".

Page 123 - La vraie grandeur se trouve dans l'âme et non dans le nom.

Page 124 - Alors chacun recevra de Dieu la louange qu'il mérite et celui qui sur la terre aura voulu être le plus pauvre, le plus oublié pour l'amour de Jésus, celui là sera le premier, le plus noble, le plus riche !Pendant un mois j'ai vécu avec beaucoup de saints prêtres et j'ai vu que, si leur sublime dignité les élève au-dessus des anges, ils n'en sont pas moins des hommes faibles et fragiles. Ils évangélisent les âmes par leurs paroles et surtout par leurs exemples.

Page 138 - Malgré tous les obstacles, ce que le Bon Dieu a voulu s'est accompli. Il n'a pas permis aux créatures de faire ce qu'elles voulaient mais sa volonté à Lui.

Page 140 - La richesse ne fait pas le bonheur car j'aurai été plus heureuse sous un toît de chaume avec l'espérance du Carmel qu'auprès des lambris dorés, des escaliers de marbre blanc... Ah ! Je l'ai bien senti, la joie ne se trouve pas dans les objets qui nous entourent, elle se trouve au plus intime de l'âme, on peut aussi bien la posséder dans une prison que dans un palais.

Page 149 - Enfin mes désirs étaient accomplis, mon âme ressentait une Paix si douce et si profonde qu'il me serait impossible de l'exprimer.

Page 150 - Je suis venue pour sauver les âmes et surtout afin de prier pour les prêtres.

Page 151 - Ma petite fille, il me semble que vous ne devez pas avoir grand chose à dire à vos supérieurs....Parce que vous avez une âme extrêmement simple, mais quand vous serez parfaite, vous serez encore plus simple, plus on s'approche du Bon Dieu, plus on se simplifie.

Page 152 - Je voulais que mon visage soit vraiment caché, que sur la terre personne ne le reconnaisse. J'avais soif de souffrir et d'être oubliée.

Page 156 - Je souffre beaucoup mais je sens que je puis encore supporter de plus grandes épreuves.

Page 158 - Je m'appliquais surtout à pratiquer les petites vertus, n'ayant pas la facilité d'en pratiquer de grandes, ainsi j'aimais à plier les manteaux oubliés par les sœurs et à leur rendre tous les petits services que je pouvais.

Page 162 - Eh bien, je ne me désole pas...je pense que les petits enfants plaisent autant à leurs parents lorsqu'ils dorment que lorsqu'ils sont éveillés.

Page 163 - Pas un seul doute sur ma vocation ne m'était encore venu à la pensée, il fallait que je connaisse cette épreuve...le démon m'inspirait l'assurance qu'elle n'était pas faite pour moi.

Page 169 - Au milieu de cet abandon, je sentais que le Bon Dieu veillait sur nous. C'était sans effort que les mourantes passaient à une vie meilleure, aussitôt après leur mort une expression de joie et de paix se répandait sur leurs traits, on aurait dit un doux sommeil.

Page 172 -  Je compris que sans l'amour toutes les œuvres ne sont que néant, même les plus éclatantes.

Page 173 - La seule chose que je ne pouvais accepter, c'était qu'elle ne soit pas l'épouse de Jésus, car l'aimant autant que moi-même, il m'était impossible de la voir donner son coeur à un mortel.

Page 174 - Mais le Bon Dieu, qui tient en sa main le coeur des créatures et l'incline comme Il veut, changea les dispositions de la soeur.

Page 175 - Je ne désire pas non plus la la souffrance ni la mort et cependant je les aime toutes les deux, mais c'est l'amour seul qui m'attire...maintenant c'est l'abandon seul qui me guide, je n'ai point d'autre boussole !

Page 176 - Plus tard tous les livres me laissèrent dans l'aridité et je suis encore dans cet état. Si j'ouvre un livre composé par un auteur spirituel, je sens aussitôt mon coeur se serrer et je lis sans pour ainsi dire comprendre ou si je comprends mon esprit s'arrête sans pouvoir méditer. Jamais je ne l'ai entendu parler mais je sens qu'Il est en moi, à chaque instant, Il me guide, m'inspire ce que je dois dire ou faire.

Page 177 - Quelle douce joie de penser que le Bon Dieu est Juste, c'est à dire qu'il tient compte de nos faiblesses, qu'Il connait parfaitement la fragilité de notre nature.

Page 186 - Jésus ne demande pas de grandes actions mais seulement l'abandon et la reconnaissance...."Immolée à Dieu des sacrifices de louanges et d'actions de grâces". Voilà donc tout ce que Jésus réclame de nous.

Page 192 - Je voudrais verser mon sang pour toi jusqu'à la dernière goutte

Page 193 - Tous les dons les plus parfaits ne sont rien sans l'Amour. La charité est la voie excellente qui conduit surement à Dieu. Je compris que l'Amour renfermait toutes les vocations, que l'Amour était tout. Ma vocation, c'est l'Amour.

Page 195 - Oui mon Bien Aimé, voilà comment se consumera ma vie... Je n'ai d'autre moyen de te prouver mon amour que de jeter des fleurs, c'est à dire de ne laisser échapper aucun petit sacrifice, aucun regard, aucune parole, de profiter de toutes les plus petites choses et de les faire par amour.

Page 199 - Je te supplie de choisir une légion de petites victimes dignes de ton Amour !

Page 205 - J'ai toujours constaté lorsque je me suis comparée aux saints qu'il y a entre eux et moi la même différence qui existe entre une montagne dont le sommet se perd dans les cieux et le grain de sable obscur foulé sous les pieds des passants.
Au lieu de me décourager, je me suis dit : le Bon Dieu ne saurait inspirer des désirs irréalisables, je puis donc malgré ma petitesse aspirer à la sainteté ; me grandir, c'est impossible, je dois me supporter telle que je suis avec toutes les imperfections mais je veux chercher le moyen d'aller au Ciel par une petite voie.

Page 206 - Ne croyez pas qu'elle estime comme une plus grande grâce de mourir à l'aurore plutôt qu'au déclin du jour. Ce qu'elle estime, ce qu'elle désire uniquement, c'est de faire plaisir à Jésus. Le Bon Dieu n'a besoin de personne pour faire du bien sur la terre.

Page 208 - Si dans mon enfance, j'ai souffert avec tristesse, ce n'est plus ainsi que je souffre maintenant, c'est dans la joie et la paix, je suis véritablement heureuse de souffrir.

Page 211 - Je crois avoir fait plus d'actes de foi depuis un an que pendant toute ma vie.

Page 212 - Je n'ai plus de grands désirs si ce n'est celui d'aimer jusqu'à mourir d'amour.

Page 214 - Ainsi en est il dans la vie religieuse que les théologiens appellent un martyr. En se donnant à Dieu le coeur ne perd pas sa tendresse naturelle, cette tendresse au contraire grandit en devenant plus pure et plus divine. J'ai accepté non seulement de m'exiler au milieu d'un peuple inconnu mais ce qui m'était bien plus amer, j'ai accepté l'exil pour mes soeurs... Ah ! Je n'aurai pas voulu faire un mouvement pour l'empêcher de partir ; je sentais cependant une grande tristesse dans mon coeur, je trouvais que son âme si sensible, si délicate n'était pas faite pour vivre au milieu d'âmes qui ne sauraient la comprendre.

Page 217 - Cette année, le Bon Dieu m'a fait la grâce de comprendre ce que c'est que la charité, avant je le comprenais, il est vrai, mais d'une manière imparfaite.

Page 218 - Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime. Ah je comprends maintenant que la charité parfaite consiste à supporter les défauts des autres, à ne point s'étonner de leur faiblesse, à s'édifier des plus petits actes de vertus qu'on leur voit pratiquer, mais surtout j'ai compris que la charité ne doit point rester enfermée dans le fond du coeur.

Page 219 - Lorsque je veux augmenter en moi cet amour, lorsque surtout le démon essaie de me mettre devant les yeux de l'âme les défauts de telle ou telle soeur qui m'est moins sympathique, je m'empresse de rechercher ses vertus, ses bons désirs, je me dis que si je l'aie vue tomber une fois elle peut bien avoir remporté un grand nombre de victoires qu'elle cache par humilité, et que même ce qui me parait une faute peut très bien être à cause de l'intention un acte de vertu.

Page 222 - Mon dernier moyen de ne pas être vaincue dans les combats, c'est la désertion.

Page 223 - Il vaut mieux ne pas s'exposer au combat lorsque la défaite est certaine ?Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent.

Page 224 - Donnez à quiconque vous demande, et si l'on prend ce qui vous appartient, ne le redemandez pas.

Page 225 - Ce n'est pas assez de donner à quiconque me demande, il faut aller au devant des désirs, avoir l'air très obligée et très honorée de rendre service et si l'on prend une chose à mon usage, je ne dois pas avoir l'air de la regretter, mais au contraire paraître heureuse d'en être débarrassée.

Page 227 - Prêtez sans en rien espérer et votre récompense sera grande.

Page 230 - Les biens d'ici bas n'étant pas à moi je ne devrai pas trouver difficile de ne jamais les réclamer si quelque fois on me les prenait.
Les biens du Ciel ne m'appartiennent pas davantage.
En récréation on dit tout bas à sa compagne une parole pleine d'esprit et d'à propos ; si elle la répète tout haut sans faire connaître la source d'où elle vient, cela parait un vol à la propriétaire qui ne réclame pas mais saisira la première occasion pour faire savoir finement qu'on s'est emparé de ses pensées.

Page 231 - S'il m'arrive de penser et de dire une chose qui plaise à mes soeurs, je trouve tout naturel qu'elles s'en emparent comme d'un bien à elles.

Page 232 - Les siècles ont succédé aux siècles depuis que le Trés-Haut prononça ces paroles et depuis, sa conduite n'a pas changé, toujours Il s'est servi de ses créatures comme d'instruments pour faire ses oeuvres dans les âmes.

Page 234 - Je lui dis avec des larmes dans la voix tout ce que je pensais d'elle, mais avec des expressions si tendres, en lui témoignant une si tendre affection que bientôt ses larmes se mêlèrent aux miennes....Le frère qui est aidé par son frère est comme une ville fortifiée.

Page 235 - Depuis que j'ai compris qu'il m'était impossible de rien faire par moi-même, la tâche que vous m'avez imposée ne me parut plus difficile, j'ai senti que l'unique chose nécessaire était de m'unir de plus en plus à Jésus et que le reste me serait donné par surcroît.

Page 237 - Jamais avec la grâce de Jésus je n'ai essayé de m'attirer leurs coeurs, j'ai compris que ma mission était de les conduire à Dieu et de leur faire comprendre qu'ici bas vous étiez ma Mère le Jésus visible qu'ils doivent aimer et respecter.

Page 238 - La conversation s'engage bien vite... Oui mais...je m'aperçois vite qu'il ne faut pas trop s'avancer, un mot pourrait détruire le bel édifice construit dans les larmes....Ah c'est la prière, c'est le sacrifice qui font toute ma force, ce sont les armes invincibles que Jésus m'a données, elles peuvent bien plus que les paroles toucher les âmes.